Agressions dans les transports en commun

Depuis l’agression sexuelle d’une jeune femme dans un bus de Casablanca, on reparle énormément des agressions dans les transports en commun et de la façon dont nous pourrions aider. Voici un vieil article qui part d’un court-métrage réalisé pour le Festival Nikon et permet de se mettre à la place d’un témoin et de réfléchir aux différentes issues.

 

Il est des courts-métrages poignants où l’on ressort la gorge serrée. « Je suis à l’heure » d’Isabelle Quintard et Fabien Motte est la suggestion d’une des agressions les plus violentes : le viol.
La victime comme l’agresseur ne sont pas visibles. Seuls la terreur des témoins désemparés et hésitants et les sons de l’agression sont perçus.

En seulement 2 min et  21 secondes, les deux réalisateurs remettent en question la non-action – à considérer ici  comme de la non assistance à personne en danger – pour en sortir « indemne ».

Attention, vidéo choc !

ACTION VS PROTECTION DE SA ZONE DE CONFORT ?

Il y a plusieurs choses à retenir pour pouvoir répondre à cette question.

Le nombre d’agresseur n’est pas donné ses caractéristiques non plus. Est-il seul, sont-ils plusieurs, sont-ils armés…?

L’important ici est de comprendre que le témoin principal, terrorisé, prend comme prétexte son entretien (et potentiel job) pour ne pas intervenir.
(Comme le souligne la réalisatrice dans un des commentaires.)

La peur – mécanisme primordial de survie de chaque espèce – n’est pas gérée par chacun de la même façon et il est bien difficile de savoir comment on aurait réagi sans avoir vécu les faits, c’est à dire sans avoir été dans l’émotion du moment.
Parmi les témoins d’une agression, sûrement plusieurs d’entre eux sont déjà restés sidérés alors qu’ils étaient sûrs de pouvoir bouger le cas échéant. C’est pour ça qu’il faut de l’entrainement.

Pour rappel, ne pas réagir est un délit appelé « Non-assistance à personne en danger ».
Vous trouverez dans cet article d’Eric Quequet – ancien policier et fondateur de l’Académie des Arts de Combat – ce qu’on peut faire en tant que témoin d’une agression sans avoir forcément l’étoffe d’une héroïne.
Et si vous avez besoin de savoir comment vous vous comporteriez, vous avez aussi la possibilité de vous tester grâce aux stages de mise en situation.

Cependant, en regardant cette vidéo, une question est restée pour moi sans réponse : Tirer l’alarme ou non ?
Voilà la liste des avantages et des inconvénients en attendant d’avoir l’avis d’un agent RATP.

AVANTAGES :

– Si l’agresseur ne connaît pas bien le fonctionnement des transports en commun, il peut être surpris, inquiété ou au moins dérangé par le bruit et le freinage, ce qui donnerait effectivement à la victime (ou aux témoins) le temps de réagir. (Attention, là, il s’agit d’un viol, dans ce type d’agression, la violence est telle que la victime peut mettre plusieurs minutes à reprendre ses esprits.)

– Toujours si l’agresseur ne connaît pas le milieu : il peut vouloir chercher à s’enfuir.

– Dernier avantage : l’agresseur est coincé et ne peut pas fuir. Ce qui n’est pas le cas lorsqu’un train est stoppé à quai puisque dans ce cas, les portes restent ouvertes.

INCONVÉNIENTS :

– Le conducteur, la plupart du temps seul, est obligé de vérifier toutes les portes afin de savoir d’où le signal d’alarme a été tiré – le tableau de bord ne le préciserait malheureusement pas.

– Les secours (police/pompiers) ne pouvant arriver qu’à quai, tirer un signal d’alarme limite la rapidité de leur intervention.

– Si l’agresseur connaît la procédure, il sait qu’il ne pourra être inquiété qu’à quai, et peut donc évaluer le temps qu’il lui reste, terminer son agression et préparer sa fuite.

 

Voici donc la réponse de B. C. agent RATP :

« Il vaut mieux ne pas attendre pour tirer le signal d’alarme. Sur la plupart des matériels (Lignes 1, 2, 4, 5, 9, 14 et RER rénovés et 2 niveaux) si tu tires le signal d’alarme les caméras encadrantes vont commencer à enregistrer et le conducteur va pouvoir voir ce qu’il se passe et entrer en communication, il décidera ou non de continuer sa course pour traiter le signal d’alarme en station avec l’aide du GPSR qu’il aura prévenu avant. C’est rare qu’il s’arrête sous tunnel pour traiter l’incident car il ne pourra pas faire grand chose (sur les anciens matériels des autres lignes de métro, si un signal d’alarme est tiré et que la vitesse de la rame descend sous un certain seuil, la rame s’arrête et ne pourra repartir que si le conducteur s’est déplacé pour réarmer le signal). Dans tous les cas cela fait du bruit dans la voiture concerné et cela suffit à faire fuir les agresseurs. »