Pour pouvoir éviter ou sortir d’une agression il faut d’abord pouvoir la voir arriver ou la reconnaître.
Il y a 3 types d’agressions qui peuvent toutes arriver au même résultat : des dommages psychologiques et/ou physiques.
1) L’agression non préméditée que j’appellerai « montée en puissance »
2) L’agression ciblée
3) L’agression dite pathologique
L’agression non préméditée
L’agression non préméditée, dite de montée en puissance, part d’un phénomène banal qui va dégénérer à cause d’un problème de compréhension et de communication.
Prenons un exemple : excédée par une journée pénible, vous arrivez chez vous et vous garez devant le parking de votre voisin sachant que vous allez redescendre dans les minutes qui viennent.
Votre voisin sort quelques minutes après pour aller faire ses courses. Il klaxonne une fois, deux fois, puis reste appuyé sur le klaxon jusqu’à ce que vous redescendiez en trombe.
Dans cette situation, votre voisin se sent offensé, agressé, par votre comportement et monte en puissance en vous voyant arriver.
Sa voix s’élève, sa gestuelle s’amplifie, c’est le début de ce que l’on appelle l’agressivité défensive.
En face vous avez deux choix :
1) Vous sentir agressée par tant de stress d’un coup et monter vous aussi dans les tours.
2) Chercher à comprendre votre interlocuteur et communiquer.
Vous l’aurez compris, le choix n°1 va faire dégénérer l’action jusqu’à en venir aux mains alors que le choix n°2 peut encore stopper cette agressivité défensive si le dialogue est bien mené.
Les solutions
Pour que le dialogue passe, vous allez devoir, dans un premier temps, faire redescendre votre interlocuteur du mode colère au mode écoute. Ce qui n’est pas si évident puisque se sentant agressé, il veut être entendu et non vous écouter.
Pour cela, vous devez obtenir un « OUI » de sa part : « Est-ce parce que je me suis garée devant votre box que vous vous énervez ? » Votre question, effectivement évidente, permet de le prendre en considération lui, et sa colère. Vous l’avez entendu et vous le lui prouvez. Vous aurez ensuite l’occasion de vous justifier, de vous excuser et d’éviter ainsi le passage à l’acte.
Il nous est déjà arrivé à tous et toutes de monter dans les tours suite à une situation comme celle-ci. Le stress, la fatigue, le manque de temps dans nos vies à 100 à l’heure n’aident pas. Cependant, il est nécessaire de rappeler que l’on peut toujours tomber sur plus sanguin que soi, ou plus armé. Ces agressions défensives souvent banales peuvent avoir de lourdes conséquences.
L’agression ciblée, préméditée
L’agression préméditée ou ciblée, bien plus simple à expliquer, est une agression dans laquelle l’agresseur s’en sortira avec un coût moindre pour un maximum de bénéfices. On appelle ça le rapport coût / bénéfice.
Pour que ceci se réalise, l’agresseur va devoir choisir sa victime : par exemple, pour arracher un iPhone en gardant toutes ses dents, il ne s’attaquera pas au Barracuda d’à côté.
Comment un agresseur repère t-il ses victimes ?
D’abord sur le comportement :
– Est-elle concentrée sur ce qui l’entoure, attentive à son environnement, ou est-elle plongée sur son niveau de Candy Crush ?
– Se fond-elle dans la masse ou est-elle à l’écart ? (Une personne qui ne sait pas où elle va est par exemple plus vulnérable.)
– Est-elle physiquement dangereuse ou a-t-elle l’air inoffensive ? (la jambe dans le plâtre / prostrée, les épaules en avant / le regard longeant les trottoirs.)
Autant d’informations qu’il intègre en seulement quelques coups d’œil pour être sûrs de mener son coup à bien.
Dans un second temps, si une « victime potentielle » est détectée, l’agresseur va devoir s’en assurer par un autre moyen : une procédure de rapprochement. C’est à la fin de cette procédure de rapprochement, qui comprend plusieurs phases : distance, discours, distraction (parfois réunies en 1 seule phase), qu’aura lieu l’agression.
Les solutions
Vous dire que vous n’êtes pas une victime. Que vous êtes déterminée à faire front à 300%.
La détermination est quelque chose qui se sent (notamment dans le regard et la posture). Elle peut à elle seule, sans en arriver aux mains, déjouer une agression.
Par exemple, une collègue m’a un jour raconté qu’en sortant du travail, un homme l’a suivie jusqu’au métro. Confiante, elle a fait volte-face, a regardé l’homme droit dans les yeux et lui a lancé un « Vas-y ! Viens, mec, je fais du body combat ! »
De tout évidence, l’agresseur ne connaissait pas le body combat et la détermination de ma collègue a payé. L’homme qui voulait s’assurer de la docilité de sa proie a finalement fait demi-tour, le rapport coût/bénéfices n’étant « apparemment plus » en sa faveur.
Dans ce cas précis, cette jeune femme s’est vraiment mise en danger. Le body combat apprend quelques coups mais c’est un cours de fitness, un cours de cardio. La technique n’est pas peaufinée, on n’apprend pas non plus à frapper contre un pao ou à recevoir des coups. On frappe dans le vide sur des musiques chorégraphiées.
Cependant, cela nous montre aussi que la confiance peut s’acquérir, reste à chacune à trouver par quels moyens la trouver ou la restaurer.
Dans les stages Amazon Training que nous menons à l’ADAC, nous apprenons justement à prendre conscience de notre force pour (re)trouver confiance. Quelques séances seulement suffisent pour voir ce dont on est capables et apprendre les basiques de la self-défense. (Si vous voulez en savoir plus, consultez notre site pour connaître le planning des stages).
L’ agression de type pathologique
C’est une agression rapide et violente commise par une personne pathologiquement atteinte. Si les deux premières agressions peuvent être arrêtées avant le passage à l’acte, celle-ci ne suit aucune logique et se voit rarement arriver.
Si elle est aussi dangereuse, c’est aussi la moins courante. Donc pas de panique et une fois encore, fiez-vous à votre instinct.
Une règle à retenir
La règle du Mieux vaut de Rory Miller
Mieux vaut éviter que fuir,
Mieux vaut fuir qu’avoir à négocier,
Mieux vaut négocier qu’avoir à se défendre physiquement,
Mieux vaut se défendre physiquement que subir les coups de l’autre (exception faite si l’agresseur est armé).
Pour finir, rien de tel qu’une citation de Simone de Beauvoir pour vous inviter à reprendre confiance.
La femme n’est victime d’aucune mystérieuse fatalité, il ne faut pas conclure que ses ovaires la condamnent à vivre éternellement à genoux.